Par cette fraiche matinée du 24 mars, Camille Sanchez et moi-même avons rendu visite à Betty Dupont et sa classe de CP à l’école Maurice Rouvier (Paris 14ème arrondissement). Mais que s’y passait-il donc qui méritât notre déplacement ? Pour quelle raison si importante avons-nous pu dégager un moment dans nos emplois du temps de ministre ? Eh bien, il se tenait ce matin là un nouvel atelier « Raconte-moi tes technologies » ! L’occasion pour nous de prendre des nouvelles de ces participants au Festival et recueillir leur ressenti vis-à-vis de ce projet intergénérationnel.

Intervention parentale

La première partie de l’atelier était animée par une parent d’élève qui a présenté deux objets : une thermo sonde (ou « sonde de température »), et un baguier en cristal.

La thermo sonde a une histoire intéressante. C’est au départ un instrument utilisé par les professionnels de la restauration pour vérifier la température d’un plat lors de sa cuisson (de la gelée de fruits au gigot, en passant par le chocolat à fondre), mais il est aussi employé par certains particuliers cuisiniers en herbe. A une époque où certains fabricants d’équipement ménager peuvent produire des fours peu fiables sur la durée (afin que les consommateurs en rachètent…), certaines personnes comme cette parent d’élève ont recours à une thermo sonde pour continuer à utiliser leur vieux four sans bruler constamment ce qu’ils y mettent à cuire (car c’est souvent le thermostat, élément permettant de garder une température constante, qui se dérègle). Les enfants de la classe ont donc pu découvrir cet objet, qu’ils associaient pour beaucoup à « un gros thermomètre ». Peut-être ont-ils aussi été sensibilisés à la lutte contre l’obsolescence programmée des machines…

Présentation de la thermo sonde avant la manipulation de l’objet par les enfants.

Notre parent d’élève du jour a ensuite présenté un baguier du XIXe siècle, accessoire féminin typique des coiffeuses (nous parlons bien sûr du meuble !), un peu oublié de nos jours. Cet objet se présente sous la forme d’une coupelle au centre de laquelle se tient une tige où l’on enfile des bagues, pour s’en libérer le temps de la toilette par exemple. Ce baguier étant en cristal, cela permit d’expliquer aux enfants (et à moi-même, dois-je dire en toute sincérité) quelques petites notions de minéralogie.

Notre parent d’élève présentant le baguier aux enfants.

Quand le directeur de l’école met la main à la pâte

La suite de l’atelier s’est déroulée avec les enfants séparés en deux groupes pour suivre des présentations en parallèle : la première animée par Monsieur Guichard (directeur de l’établissement) sur des objets liés au son et à l’image, et l’autre animée par André (senior associée au projet), qui a montré des objets du quotidien de son enfance.

La présentation des objets liés au son et à l’image a permis à des enfants de s’émerveiller devant une visionneuse de diapositives, des fragments de pellicule de film ou un ancien baladeur à cassette. Etant ce jour là en pleine semaine de la presse, certains des objets manipulés leur seront utiles pour faire des interviews aux quatre coins de l’établissement.

Des élèves observant des fragments de pellicule à la lumière du jour.

De l’atelier d’André se dégageait une étrange impression de plonger dans le temps, notamment lorsqu’elle a montré un ancien cahier d’écolier, avec ses écritures élégantes et soigneuses (on en est ébahi aujourd’hui), et fait une petite démonstration d’écriture avec un porte-plume. De même lorsqu’elle a montré comment se servir d’un ancien fer à friser manuel, qui se présente comme une paire de ciseaux non coupante que l’on fait chauffer et autour duquel on enroule les cheveux.

Un ressenti positif

Après avoir libéré les enfants en récréation (un atelier d’une heure et demi, ça épuise une classe CP), nous avons pu interroger Betty Dupont au sujet du projet « Raconte-moi tes technologies » et du festival auquel sa classe participe. Son ressenti général est positif, soulignant que les enfants sont motivés et que les ateliers ont non seulement permis aux élèves d’apprendre l’utilisation de « vieux » objets avec les seniors, mais aussi aidé certains à prendre la parole plus facilement en classe ! (Le reste de l’interview sera disponible prochainement en vidéo).

Que dire pour résumer notre ressenti de cette matinée ? Le projet « Raconte-moi tes technologies » ne peut fonctionner que si ceux qui l’organisent et l’animent s’impliquent vraiment et font preuve d’entrain et de bonne humeur. Ce n’est que de cette façon que les enfants pourront s’y intéresser et avoir envie d’amener à leur tour des objets à eux. En voyant que certains enfants avaient amené des objets et que la plupart semblaient se réjouir de la tenue des ateliers, nous pouvons dire que le projet « Raconte-moi tes technologies » a pris une belle tournure dans cette classe de l’école Maurice Rouvier.

S.M-P et C.S